dimanche 9 octobre 2011

le Timbre Vert fait plouf



Ce n'est pas à proprement parler une publicité mensongère, mais le lancement du "Timbre Vert", par la future entreprise privée "La Poste", mérite tout de même un prix spécial dans ce blog : celui de l'opération de communication la moins écolo, jamais menée par la Poste.

D'abord, qu'est-ce que le Timbre Vert ? Un timbre vert ? Pas spécialement. Vous pouvez tout à fait acheter un "Timbre Vert" bleu :


ou affranchir vos lettres au tarif "Timbre Vert", en utilisant 57 timbres d'un centime d'euro chacun. Mais ce ne serait pas très écolo, n'est-ce pas ?

S'agissant de la consommation inutile de papiers, d'encres et d'efforts humains, vous ne pourrez battre La Poste sur son terrain de jeu favori : les opérations de publicité en boîte aux lettres. 

Voici trois photos du lourd dépliant envoyé à quelques millions d'entreprises en France :



Le papier est prétendument PEFC, mais notez l'emballage plastique individuel du timbre, et le traitement chimique du papier lui donnant plus de douceur et de brillance...
Je me demande aussi comment ont été acheminées les dizaines de tonnes de ces courriers publicitaires. En avion ? 
Ajoutons à cela les millions d'euros investis en publicité pour le Timbre Vert dans les médias, à convertir en équivalents carbone, et l'on peut estimer que le Timbre Vert est le timbre dont le lancement commercial aura laissé la plus sale trace écologique. 
  
Ce ne serait peut-être pas si grave, si cela n'attestait pas du changement de camp de La Poste. Abandonnant l'intérêt général, cette vénérable institution se prépare désormais à servir ses prochains maîtres, futurs (?) détenteurs de son capital. Sa stratégie de communication s'inscrit dans celle, plus globale, du conservatisme, consistant notamment à récupérer et désémantiser les discours contestataires, et notamment écologiques. Une stratégie, jusqu'à présent, largement gagnante. Sous les déferlantes publicitaires, la défense de l'intérêt général est en train de se diluer, même de se noyer. 
Ceci n'est pas un Timbre Vert, c'est une bouteille à la mer...

mardi 1 février 2011

Le triste anniversaire selon Yves Rocher


L'anniversaire... Puisqu'il s'agit de fêter le jour d'un accouchement, la fête d'anniversaire ne devrait-elle pas honorer la mère, en mémoire de sa souffrance et de sa générosité, plutôt que celui qui est né, qui n'y est pour rien, et à qui l'on ne fait que redonner encore, au lieu de lui apprendre à rendre, remercier ? Oui, l'anniversaire pourrait être le jour où l'enfant remercie ses parents... (Pourquoi pas, alors, un cadeau symbolique des parents pour initier l'acte de remerciement...).

Et pourtant : les anniversaires ressemblent le plus souvent à des célébrations purement matérialistes, mais surtout narcissiques (cf. le navet "L'anniversaire"), du héros du jour (héros de quoi ?), auxquelles participent des amis espérant peut-être le renvoi d'ascenseur... (invitation, présence, cadeaux).

Que les enfants, qui ont soif de reconnaissance, profitent de cette occasion pour apprendre à rassembler leurs copains autour d'eux, et que les parents en profitent également pour nourrir le lien familial de repères temporels et éducatifs ("grandir"), soit. Mais, une fois adultes, combien d'entre nous n'y voient plus de sens, sinon la ponctuation majeure d'un inéluctable vieillissement, motif de méditation plutôt que de festivités ?

Heureusement, pour celle* qui aurait désespérément besoin d'une pommade à l'extrait naturel de narcissisme, Yves Rocher est là.

Il est là pour lui dire des mots doux ("chère Mademoiselle"), pour s'adresser à elle en toute intimité : "rien que pour vous", "nous vous avons réservé un cadeau très personnel", pour lui promettre monts et merveilles "privilèges exclusifs et délicates attentions..." les points de suspension laissent alors l'imagination fertile s'envoler vers des îles naturelles et sauvages où la demoiselle se retrouverait en tête à tête avec Yves (toujours vivant et fringuant, sur cette île mystérieuse où il prépare des onguents).
Et bien qu'il ait "30 millions de clientes", "il y a des dates qui ne s'oublient pas : votre anniversaire !"

Quelle mémoire !
Ou plutôt, quelle supercherie, qui prend vraiment ses clientes pour des idiotes !

En bonus, spécialement pour toi qui me lit à cet instant, grattons vite notre "avantage exclusif", rien que pour nous !


Wow, 100 pétales "offerts" si vous passez commande ! Ca, c'est ce qui s'appelle un beau cadeau d'anniversaire rentabilisé, pardon, personnalisé !

Or, ma chère maman est cliente d'YR. Je sais donc ce qu'il me reste à faire : lui offrir un beau bouquet de fleurs (ce qui est tout de même plus correct que des pétales) à chacun de mes prochains anniversaires, et, ne soyons pas bégueule, un autre pour son propre anniversaire (sans oublier ma grand-mère), pour les remercier et leur dire mon amour tant que c'est possible. Et pour renvoyer définitivement ce goujat d'Yves Rocher à son étude approfondie des vers de terre.

* ce n'est pas moi qui féminise, mais bien l'émetteur qui n'a que des "clientes". J'ai longtemps reçu des courriers pour "Mademoiselle Aymeric"... Ce qui n'était pas pour satisfaire mon narcissisme !